La série "dans la classe !" a été élaborée par le groupe de travail "collège".
 

Le constat

Les sorties scolaires occupent une place essentielle pour enrichir les apprentissages et incarner les savoirs. Pourtant, ces moments forts ne sont pas toujours pleinement exploités.

  • Le travail préparatoire est souvent mené en amont, le retour en classe est parfois négligé.
  • Le plus souvent, les élèves sont invités à dire s’ils ont « aimé » ou « pas aimé », ce qui ne suffit pas à enclencher une réflexion approfondie sur les apports réels de la sortie.
  • Une fois l’activité hors-les-murs terminée, on reprend le fil du programme sans en tirer tous les bénéfices pédagogiques.

Faire un retour structuré après une sortie apparaît alors comme un moyen pour les élèves d’ancrer leurs apprentissages et de faire prendre conscience de la richesse de l’expérience vécue. Penser la sortie comme un levier d’apprentissage suppose d’intégrer un temps de retour dans nos pratiques de classe. C’est dans ce va-et-vient entre le dehors et la classe qui permet de donner tout son sens à l’expérience de sortie pédagogique.

Ma pratique

Afin de favoriser un retour réflexif, je mets en place une activité simple mais structurante : après une sortie, notamment lorsqu’elle a été menée avec un guide, un médiateur ou un intervenant, je propose aux élèves de rédiger puis d’enregistrer un message audio, comme s’ils laissaient un message sur le répondeur de la personne rencontrée.
Ce format, limité à trois minutes, permet de structurer la pensée, de développer des compétences écrites et orales et de mobiliser les émotions. Les élèves doivent y exprimer leur ressenti, expliquer ce qu’ils ont retenu, et réfléchir au sens de la visite dans leur parcours personnel et citoyen. Par Clémentine Binet, membre du GT collège
 

Dans la classe

Cette année lors d’un travail en histoire sur la France dans la Seconde Guerre mondiale, nous avons bénéficié d’une sortie pédagogique organisée en en deux temps :

  • Le matin, les élèves ont suivi un parcours-mémoire dans le XIIIᵉ arrondissement de Paris sur les traces de la rafle du Vel d’Hiv.
  • L’après-midi, ils ont visité la Cité de la Muette et le Mémorial de la Shoah à Drancy, accompagnés d’une médiatrice.

De retour en classe, une séance d’une heure est consacrée au retour d’expérience. Je donne aux élèves la consigne suivante : « Vous laissez un message vocal de 3 minutes maximum sur le répondeur de Fleur, notre guide lors de la visite. Les vocaux lui seront envoyés. Dans ce message, vous devrez :
1. Choisir un moment de la visite qui vous a particulièrement marqué (anecdote, un récit, un lieu ou un monument spécifique)
2. Expliquer pourquoi ce moment vous a touché : décrivez vos émotions, vos réflexions et ce que cela a suscité en vous.
3. Expliquer en quoi il est essentiel, dans votre parcours de citoyen, de se rendre sur un lieu de mémoire. Réfléchissez à l’importance de se souvenir, de comprendre l’histoire et de transmettre cette mémoire pour le futur. »

Cette activité répond à plusieurs objectifs :

  • Produire un écrit structuré destiné à une mise en voix, ce qui favorise la clarté de l’expression.
  • Initier un travail à l’oral, en lien avec un projet plus vaste : la participation à un concours d’éloquence.
  • Encourager une réflexion citoyenne sur la mémoire, la transmission et l’engagement.

Pendant la séance en classe, les élèves travaillent à la rédaction de leur texte au brouillon. Le vocal est ensuite enregistré à la maison (téléphone, application magnétophone de l’ENT) et déposé dans pronote dans l’onglet « travail à rendre » que j’ai configuré pour réceptionner de l’audio.
 

Les plus-values

  • Les élèves consolident les acquis en transformant un vécu en objet de réflexion.
  • La séance est peu chronophage et abordable pour tous les élèves : tous les élèves avaient quelque chose à dire.
  • La séance permet de développer des compétences transversales : s’exprimer avec clarté, organiser sa pensée, mobiliser, décrire et analyser ses émotions.
  • Elle valorise la parole de l’élève et donne du sens à la sortie, en la réinscrivant dans le parcours personnel de l’élève
     

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