La série "dans la classe !" a été élaborée par le groupe de travail "collège".
 

Le constat

Les élèves sont souvent mis en difficulté par la consigne « Décrire » qui est pourtant transdisciplinaire, a minima utilisée en français, SVT, arts plastiques. Les réponses s’apparentent le plus souvent à une liste qui débute par « Il y a... », au lieu d’un texte restituant une lecture organisée de l’espace (par plans par exemple), indiquant la disposition des éléments les uns par rapport aux autres, leur taille, la manière dont ils sont reliés les uns aux autres… Cette compétence est un préalable souvent nécessaire à la compréhension des documents iconographiques ou cartographiques en collège. C’est pourquoi il est essentiel de la travailler.
Les élèves ont également besoin de développer des réflexes de de retour réflexif sur leurs travaux. Cela leur permet ainsi de consolider les méthodes en comprenant ce qui a été réussi et ce qui peut être amélioré. Or il est souvent difficile de leur faire mettre en mots la manière dont ils ont réfléchi et dont ils sont arrivés à la solution/réponse proposée. Là encore, c’est une compétence essentielle pour leur permettre de progresser en adoptant une attitude réflexive qui leur permet de s’auto-évaluer et d’identifier les stratégies gagnantes.
Enfin, l’intelligence artificielle est de plus en plus utilisée par nos élèves, mais bien souvent à mauvais escient. Il est primordial de leur apprendre à adopter une posture critique vis-à-vis des réponses qu’ils pourraient obtenir en passant par l’intelligence artificielle. Il est également essentiel, pour des raisons écologiques et éthiques, de leur apprendre à distinguer les moments où l’utilisation de l’intelligence artificielle est une réelle plus-value par rapport à un moteur de recherche classique.
 

Ma pratique

Dans la pratique ordinaire de la classe, il est parfois intéressant de bousculer un peu les habitudes des élèves afin de les amener à des moments de retour réflexif. Le travail de méthodologie portant sur les verbes de consigne me paraît un moment propice pour engager cette réflexion, et celle-ci concerne ici le verbe « décrire ». Pour ce premier exercice sur la description en géographie, j’ai choisi d’utiliser l’intelligence artificielle afin de mieux les engager dans l’activité et de favoriser ce retour réflexif sur leurs productions. Par Karine Férol, membre du GT collège
 

Dans la classe

Je leur ai donné un paysage de New York, vu du Bronx (vue aérienne oblique) et leur ai demandé de me le décrire. Cet exercice intervenait à la fin de l’étude de cas sur New York dans le chapitre « Les métropoles et leurs habitants ». Les élèves disposaient donc de tout le vocabulaire dont ils pouvaient avoir besoin pour procéder à une description précise. L’exercice intervenait volontairement en fin d’heure. Pour le cours suivant, j’ai demandé à une intelligence artificielle de produire, pour chaque élève, l’image qu’il avait décrite en saisissant son texte dans le prompt dans la mesure où il n’est en effet pas préconisé de faire utiliser l’IA directement à des élèves de 6ème. Pour cela, j’ai utilisé l’application Canva.
Lors de la séance suivante, j’ai redonné à chaque élève l’image ainsi générée. Je leur ai ensuite posé deux questions : « Qu’est-ce qui manque dans ma description pour que l’image soit plus fidèle à la réalité ? » et « Qu’est-ce que j’ai indiqué dans ma description et que l’intelligence artificielle n’a pas pris en compte ? »

  • La première question amène un travail réflexif sur leur propre production. Ils identifient rapidement qu’il aurait fallu être plus précis en situant les unités paysagères les unes par rapport aux autres, en utilisant le bon vocabulaire, en indiquant la taille des unités paysagères, l’angle de prise de vue... À partir de ces réflexions, nous établissons ensemble les critères de réussite d’une bonne description. La fiche-outil ainsi produite leur sert de support pour les descriptions suivantes. Je reformule leurs propositions afin que la fiche soit mobilisable pour tout document iconographique.
  • La deuxième question vise à développer un esprit critique vis-à-vis de l’IA, de comprendre que l’IA n’est pas capable de tout prendre en compte. Elle ignore notamment toutes les indications permettant de situer les unités paysagères les unes par rapport aux autres. Elle est par contre plus proche de la réalité lorsqu’on lui indique le lieu décrit.

 

Les plus-values

  • Les élèves se sont davantage engagés dans l’activité, stimulés par l’utilisation de l’IA, et cela, bien qu’il s’agisse de géographie (cette classe manifeste souvent sa réticence à l’égard de cette discipline particulièrement).
  • La génération d’une image a rendu le retour réflexif plus facile car ils disposaient d’un produit objet plutôt, non ? « concret », visuel, pour évaluer leur description et y réfléchir.
  • Le retour critique sur la production de l’IA a permis d’engager une discussion sur les images générées artificiellement pendant les campagnes présidentielles des dernières années (nous venions de procéder aux élections des délégués) et ainsi de poser ainsi un premier jalon dans l’exercice de l’esprit critique de la classe.
     

D’autres pistes

Pour faire comprendre aux élèves en quoi consiste une bonne description, on peut aussi leur faire faire un Duplik : on leur donne une image à faire dessiner aux camarades. L’article suivant décrit les modalités de mises en œuvre
 

Des ressources

Une infographie pour distinguer ce que l’IA peut faire de ce qui reste uniquement de la capacité humaine, d’après Munn, Y., 2023. La taxonomie de Bloom revisitée pour un apprentissage significatif à l’ère de l’IA, Le Carrefour UQAM (enseigner.uqam.ca), adaptée de Bloom’s Taxonomy Revisited par Oregon State University, CC BY 4.0)
Applications IA de Canva (version professionnelle accessible gratuitement avec l’adresse professionnelle)

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