La série "dans la classe !" a été élaborée par le groupe de travail "collège".
Le constat
En histoire, intégrer une sortie à une séquence n’est pas toujours chose facile.
La sortie est souvent utilisée de façon illustrative pour clore un chapitre. Pour des raisons d’organisation, elle peut être très déportée dans le temps lui faisant perdre une partie de son intérêt. On se contente alors d’interroger le ressenti des élèves.
Ma pratique
C’est dans la ville d’Argenteuil, où j’enseigne, qu’a vécu et repose Rino della Negra, un membre du groupe Manouchian. J’ai choisi de mener un projet autour de l’Affiche rouge avec la professeure documentaliste de mon collège, en réalisant un focus sur cet acteur de la Résistance. Ce projet est ainsi un moyen de faire le lien entre l’histoire, l’histoire locale, la mémoire et l’espace proche des élèves.
Ce projet a été mené en plusieurs étapes au cours de l’année, avec une classe de 3e. Il s’intègre à différentes séquences du programme (La Seconde Guerre mondiale, une guerre d’anéantissement ; La France défaite et occupée), et a fait l’objet de trois sorties.
En amont de ce projet, les élèves ont tous lu l’album Viva la liberté ! de Didier Daeninckx, dont la figure centrale est Rino della Negra. Par Julia Bray, membre du GT collège
En visite
Action 1 : visite des archives
En janvier, après la réalisation de la séquence sur « La Seconde Guerre mondiale, une guerre d’anéantissement », nous avons organisé une première sortie aux Archives de la ville. Les élèves ont découvert des documents en lien avec la Seconde Guerre mondiale ainsi que le cliché unique que l’on connaît de Rino della Negra. Ils ont aussi découvert les différents artefacts mémoriels visibles dans la ville qui seront utilisés dans la dernière étape de notre projet, en lien avec ce personnage.
Les élèves racontent :
« La dame expliquait bien, on était plongé dans l’histoire de Rino della Negra [...] on a pu voir, toucher des choses anciennes (archives). »
« J’ai bien aimé le fait qu’on nous ait montré des documents authentiques. En un sens, c’était une preuve de confiance et on nous a pris au sérieux. J’ai retenu le fait que Rino della Negra s’est mis en danger très tôt en refusant les travaux forcés (STO) » « Cela m’a permis de comprendre un peu mieux ce qui l’a poussé à être résistant. »
« Ce qui m’a marqué est le courage de Rino della Negra, il n’avait pas peur des Allemands ; et son engagement dans la résistance des FTP-MOI et sa confiance, il n’a pas trahi ses camarades bien qu’il ait été torturé. »
Action 2 : réinvestissement des connaissances dans l’élaboration de panneaux sur l’Affiche rouge
Ces documents des Archives (tickets de rationnement, la lettre d’adieu de Rino della Negra) ont été remobilisés dans le cadre du chapitre sur « La France défaite et occupée. Le Régime de Vichy : Collaboration et Résistance ».
Au sein de cette séquence, trois séances ont été consacrées à l’étude de l’Affiche rouge pour faire travailler les élèves sur la Résistance intérieure.
En février-mars, ma collègue documentaliste et moi avons construit cinq questionnaires pour faire travailler les élèves en petits groupes, au CDI, sur des thèmes différents :
- Gr1 : La Résistance en France et le mouvement FTP-MOI ;
- Gr2 : La partie haute de l’affiche ;
- Gr3 : La partie base de l’affiche ;
- Gr4 : L’arrestation et la condamnation des résistants du mouvement FTP-MOI ;
- Gr5 : La diffusion de l’Affiche rouge et sa réception auprès de la population française ;
Chaque groupe dispose d’un dossier.
La 1ère séance est consacrée à la lecture de documents (articles sélectionnés sur Internet/magazines, extraits du livre de Didier Daenincks, Avec le groupe Manouchian, des immigrés dans la Résistance, et à la sélection d’informations avec un système de couleurs pour associer les informations aux questions posées.
La 2ème séance a pour objectif la mise par écrit des réponses aux questions à partir de la sélection des informations effectuées en séance 1.
La 3ème séance a pour objectif la réalisation de petits panneaux organisés, associant photos/images et textes.
Action 3 : la sortie au mont Valérien : faire corps avec l’Histoire
Cette sortie a permis aux élèves de découvrir le lieu de l’exécution des membres du groupe
Manouchian, l’occasion pour les élèves de revenir en particulier sur Rino della Negra et sa lettre d’adieu. Ils ont ensuite en atelier pédagogique sur les « journaux et l’Occupation » remobiliser des notions en travaillant sur des documents historiques.
Ce travail d’écriture d’un article de presse a ensuite été repris en classe en co-animation avec les accompagnateurs de la sortie.
Action 4 : découvrir l’espace proche du collège
Une promenade dans la ville d’Argenteuil a permis aux élèves d’identifier les différents artefacts mémoriels en lien avec Rino della Negra, présentés lors de la sortie aux Archives. Les élèves disposent d’un plan pour se repérer, une manière de leur faire découvrir leur espace proche qu’ils connaissent peu pour un grand nombre.
Les plus-values
Plusieurs compétences sont ainsi travaillées : sélectionner des informations, les reformuler pour rédiger une réponse, collaborer, réaliser une production.
Les panneaux réalisés ont été ensuite publiés sur le site du collège et affichés dans la classe. Les élèves ont manifesté leur fierté devant le travail accompli.
Pour les élèves, plusieurs aspects du programme sont traités de façon plus concrète. La lecture de textes longs n’a pas été un frein, au contraire, les élèves étaient motivés par ce projet mené par étape. Chaque étape a été un leitmotiv pour les élèves qui étaient impatients de s’engager dans la suivante.
Les élèves ont été très impliqués dans les travaux de rédaction, y compris les plus réfractaires et les plus en difficulté, stimulés par le fait de travailler dans un autre cadre que celui de la classe et par la perspective de montrer leur travail.
Il est tout à fait possible d’adapter les attendus pour les élèves en fonction de leur niveau.
Les élèves sont aussi enthousiastes à l’idée de travailler sur leur espace proche dont ils connaissent peu de choses finalement.

