Le livre s’articule autour de 15 chapitres et quelques 160 pages. La première partie présente le sionisme en tant que projet national. L’impact des pogromes russes de 1881-82 et 1903-1906 est d’abord rappelé : « De 1881 à 1914, ce sont au total 2 700 000 juifs d’Europe orientale... qui émigrent aux États-Unis (... 40 000 dans le Yishouv de Palestine ottomane) » C’est aussi la genèse du projet politique d’un État juif indépendant qui naît au début des années 90, avec chez certains la composante défensive : « de futurs leaders sionistes... tels... Vladimir Zeev Jabotinsky... appellent ouvertement à la constitution de groupes de défense juifs armés... »
Dans son chapitre 2, Encel étudie toutes les voies qui font le sionisme : « à commencer par une véritable révolution mentale et intellectuelle quant à l’identité juive collective. ». Cela mènera au 1er Congrès sioniste de 1897 à Bâle et à l’action militante de Theodor Herzl. Un projet qui ne va pas de soi et auquel s’opposent marxistes et Haredim ( ultra-orthodoxes), mais un projet qui se met en place en étant réaliste comme l’explique Encel : « Quant au camp choisi, la puissante Grande-Bretagne... (il) relèverait plutôt de l’adage selon lequel l’ennemi de mon ennemi est mon ami... » ; Ce qui motivera la formation de 3 bataillons d’infanterie juive entre 1915 et 1918... Ils seront l’ossature de la Hagana.
La deuxième partie du livre est une longue réflexion sur : « Penser la guerre ». On y lira avec intérêt les pages du chapitre « Adversaires et ennemis » consacrées à la représentation que se font les Israéliens des palestiniens, une analyse que F. Encel mène jusqu’aux accords d’Oslo. Le chapitre sur : « la hantise de la guerre civile » nous permet de mieux comprendre une certaine propension à redouter des luttes fratricides. L’auteur montre au travers 3 études de cas : L’atltalena ( nom d’un navire) en 1948, l’assassinat de Rabin en 1995 et l’évacuation de Gaza en 2005 qu’il n’en est rien : « Au total , contrairement à nombre de prévisions alarmistes en vogue dans les années 1990, le socle du sionisme demeure manifestement solide et rares sont les États et les sociétés modernes à avoir connu aussi peu d’irruptions de violence en leur sein. »
« Assumer la puissance » et « Penser l’espace » sont les deux dernières parties de cet ouvrage dense.