Mai 1968 : images et médias

, par Valérie Schafer

Cet exercice propose, à partir de documents de l’Ina et d’une exposition virtuelle consacrée à Mai 1968 sur le site de la Bibliothèque nationale de France, des pistes pour aborder à la fois les évènements de mai 1968 grâce aux médias et le traitement de Mai 1968 par les médias et l’image. Cette étude peut être menée en classe de 3° (dans son intégralité ou en partie) sur TNI (elle peut aussi être réalisée en salle informatique). Elle s’accompagne bien sûr de précisions de l’enseignant, qui pourra par exemple attirer l’attention des élèves sur la taille des affiches, leurs producteurs, expliquer avec eux la symbolique de certains éléments. Les documents peuvent éventuellement être utiles en Terminale ST2S pour traiter de l’événement.

Consultez :
http://expositions.bnf.fr/mai68/expo/non/01.htm

Que dénoncent les 2 affiches à droite de l’image ?

http://expositions.bnf.fr/mai68/expo/non/05.htm

En quoi ces 4 affiches montrent-elles que la jeunesse aspire à être écoutée ?

http://expositions.bnf.fr/mai68/expo/non/06.htm

A quoi voit-on que Mai 1968 n’est pas un mouvement national isolé mais s’inscrit dans une contestation plus générale et un contexte international ? (pour comprendre l’affiche sur le Mexique quelques précisions : cette année là, le gouvernement de Gustavo Diaz Ordaz, occupé à l’organisation des Jeux Olympiques, adopte une politique de rigueur vis-à-vis des étudiants. Les manifestations se multiplient et s’achèvent par une fusillade meurtrière sur la place des Trois Cultures à Mexico, le 2 octobre, dix jours avant la célébration des Jeux Olympiques d’été. Le nombre de morts est estimé à 200, et 2000 personnes furent arrêtées).

http://expositions.bnf.fr/mai68/expo/non/10.htm
http://expositions.bnf.fr/mai68/expo/non/11.htm

En quoi ces documents illustrent-ils une diffusion du mouvement en dehors des universités ?

Visionnez le document :
Les grèves généralisées : la France paralysée
Les Actualités Françaises
AF - 22/05/1968 - 00h02m18s sur le site de l’INA

http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&id_notice=AFE86001196

Relevez les informations qui montrent l’ampleur du mouvement de grève.
Quelle impression donne la musique diffusée en accompagnement du reportage ?
Quels sont les ministres réunis ? En quoi cela illustre-t-il la gravité de la situation ?

Mai 68 à la radio par Emile Chaline (Entretien donné à l’Association Georges Pompidou le 20 décembre 2000)

Le cabinet du Premier ministre se constitue alors en état-major opérationnel pour aider M. Pompidou dans sa tâche. Comme d’habitude, les militaires sont en première ligne et participent au dispositif de permanence qui a été mis en place. Je suis de service de nuit une fois sur deux et couche sur un lit de camp. Je fais équipe avec M. Somveille, préfet et conseiller technique, qui grâce à une voiture radio de la police stationnée dans la cour de Matignon sous ses fenêtres, peut suivre en direct de son bureau le déroulement des manifestations. J’assure moi-même dans le bureau voisin la liaison du Premier ministre avec ses collègues sur le réseau téléphonique interministériel et l’écoute des radios périphériques (RTL, Europe N° l).
C’est passionnant de suivre les combats ; à leur paroxysme, M. Pompidou est présent. Très vite un phénomène d’ingérence se produit. (…)
L’écoute des radios périphériques prouve que certains reporters dramatisent à plaisir les évènements et exacerbent l’agitation dans les rues. Les directeurs de stations sont invités à rendre les comptes-rendus de leurs journalistes plus sincères.

(Remarque : De 1967 à 1969, E. Chaline est adjoint au chef du cabinet militaire du Premier ministre, puis adjoint au chef de l’État-major particulier du Président de la République de 1969 à 1971).

Le 30 mai 1968 - Témoignage de Jean-Pierre Baud
(http://www.balde.net/1968/30m ai.html)

L’allusion aux fréquences d’ondes courtes exige qu’on rappelle comment fonctionnaient les radios périphériques (les seules auxquelles on pouvait faire confiance pour savoir ce qui se passait dans la rue). Le monopole de l’ORTF faisait que les émetteurs de ces radios se situaient à l’étranger, à l’exception de Radio Monte-Carlo dont le capital était possédé à 80 % par l’État et qui bénéficiait, avec un émetteur sur le mont Agel (Alpes-Maritimes), d’une situation d’illégalité tolérée. (…) les radios périphériques firent remarquablement leur travail. Mais, lorsque les journalistes faisaient en direct la description d’un mouvement de rue, cela amenait très rapidement du monde sur les lieux ; une petite manifestation pouvait vite devenir énorme. C’est pourquoi le pouvoir appelait Europe n° 1 "Radio Émeute ". Or, pour pouvoir couvrir l’événement en direct, les radios avaient besoin de fréquences d’ondes courtes, qui leur ont été très vite confisquées sous le prétexte officiel que la police en avait besoin pour la communication entre les cars des forces de l’ordre. Les journalistes en étaient réduits à monter chez les particuliers et à emprunter leur téléphone pour faire malgré tout du direct. Ces fréquences leur ont été restituées le 30 mai pour qu’ils contribuent involontairement au succès de la manifestation gaulliste.

Remarque : Les radios périphériques, sont des radios émettant en France mais dont l’émetteur ne se trouvait pas sur le sol français pour échapper au monopole de l’état sur la radio réaffirmé par la loi de création de l’Office de Radiodiffusion et de télévision français, ORTF en 1964. Ex de radios périphériques :
RTL au Luxembourg ;
Europe 1 dans la région de la Sarre en Allemagne ;
Sud Radio en Andorre

L’ORTF : la loi qui le crée reprend des dispositions antérieures. Le monopole de l’État est réaffirmé et le directeur général est toujours nommé par décret. Cependant, la radio et la télévision ne sont plus placées sous l’autorité du ministre de l’information, mais sous sa tutelle, et l’Ortf est administré par un conseil d’administration dont les membres sont nommés par le gouvernement. Ces deux mesures sont censées donner plus d’autonomie à la radio et à la télévision mais le contrôle exercé par l’État reste important.

1- Quelles sont les radios périphériques citées dans ces documents ? Pourquoi existe-t-il des radios périphériques ?

2- Relevez dans ces documents les éléments qui montrent le poids des radios périphériques dans l’information en mai 1968.

3- En quoi ces 2 documents témoignent-ils d’une censure des informations en 1968 ?

4- En quoi les documents reproduits sur le site de la bibliothèque nationale (exposition consacrée à Mai 1968) critiquent-ils la censure des informations ? (pour argumenter, choisissez une des affiches et expliquez là)

http://expositions.bnf.fr/mai68/expo/presse/01.htm

5- Pourquoi la possibilité d’émettre est-elle restituée le 30 Mai 1968 aux radios selon JP Baud ? (voir le document :
Manifestation gaulliste mai 1968,
Les Actualités Françaises,
AF - 05/06/1968  -,
00h01m04s,
sur le site de l’INA)

http://mai68.ina.fr/index.php?vue=notice&id_notice=I00013462

Quelle impression le commentaire et les images du reportage cherchent-elles à donner ? L’information est-elle délivrée de manière objective et neutre ?

Synthèse : Quels sont les moyens d’expression, de contestation, d’information en mai 1968 ?

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