Festival GéoPhotoGraphes 2016-2017 : le choix du jury

Le jury du festival GéoPhotoGraphes, composé d’IA-IPR et de professeur.e.s d’histoire et géographie et d’arts plastiques ainsi que d’une professeure d’université (géographie), s’est réuni pour sa quatrième session le 19 avril 2017. Il a pu apprécier toute l’implication des enseignant.e.s et des élèves des établissements de l’académie qui ont participé à ce festival.

Comme les années précédentes, la qualité et la variété des productions ont fortement impressionné et ont permis de mesurer les acquis des élèves en termes de notions géographiques, d’éléments propres aux techniques photographiques ou de sensibilité esthétique. Le thème retenu cette année était « Étranges lieux familiers » et six travaux (photographie + texte) ont été particulièrement remarqués.

En collège :
Désert glacé, classe de 3ème5, collège Rabelais à Beynes (78)

Le jury a été particulièrement sensible au cadrage : précis et attentif au détail singulier. 
Le regard nous tient en équilibre entre la magie bucolique de la glace et la terrible image d’un espace sous barbelés. Mais l’arrière-plan ouvre sur le périurbain. Et le toboggan, par une note rouge d’enfance, apaise le propos. Ou pas….

De l’ombre à l’ombre, classe de 4ème2, collège Jean-Jaurès à Poissy (78)

De l’ombre à l’ombre

Voici un bien « étrange lieu familier », passage quotidien devenu étranger dans la nuit. Le jury a apprécié la qualité esthétique de la photographie, et les jeux multiples entre le texte et l’image. Ombre et lumière brouillent les pistes : jeu de mots du titre qui résonne avec la photographie du tunnel éclairé ; jeu à fronts renversés sur le lieu commun du tunnel sombre et effrayant. Où se trouve finalement le lieu familier devenu étrange ? Est-ce le passage ou bien la destination de celui qui s’y engage ? Et le tunnel éclairé : n’est-il pas un étrange lieu qui nous devient familier ?

Le lit des métropoles, classe de 4e4, collège Jean-Jaurès à Poissy (78)

Le lit des métropoles

Le jury a apprécié l’originalité et la pertinence de cette photographie accompagnée de son texte. Elle répond avec humour au thème de cette année. Le lit, lieu familier par excellence pour chacun.e d’entre nous, prend une nouvelle dimension, spatiale (mondiale plutôt ?) cette fois-ci avec la mise en écho des écritures sur la housse de couette. Le lieu devient dès lors étrange, bien que familier par les noms évocateurs et reconnus des différentes métropoles, qui associées forment un réseau. Le texte restitue parfaitement ce cheminement. Le jury a néanmoins déploré la qualité esthétique de la photographie.

En lycée :
Fausse route ?/ Dans les clous, classe de 2de euro, lycée Jacques-Monod à Clamart (92)

Fausse route ?/Dans les clous

Le jury a particulièrement apprécié cette interprétation à la fois graphique et performative du thème. La composition et le contenu factuel de la photographie, ainsi que le texte qui l’accompagne, font valoir, en effet, une proposition vraiment géographique.

La photographie saisit dans son cadre les éléments qui composent une spatialité non seulement familière mais ordinaire (carrefour, immeubles d’habitation standards, parc urbain), tandis que la performance d’élève qui a lieu en son centre, anime une spatialité étrange, celle d’un passage clouté incomplet graffité au sol, qui interroge l’impossible usage de cet espace par ses habitants ou révèle la nécessité qui leur est faite d’en avoir, d’y inventer, une pratique détournée. L’image est une critique pertinente et efficace de l’absurde d’un certain ordinaire de l’urbanisme contemporain.

La photographie articule aussi espace et temporalité dans un regard (celui de la performeuse et celui des élèves qu’elle incarne) centré sur l’effacement progressif de motifs urbains qui animent le graffiti, par son usage même. Le texte exprime à cet endroit une préoccupation adolescente qui rappelle la place des jeunes dans l’espace urbain.

Le jury a aussi apprécié la démarche : si la photo est peut-être le fait d’un·e élève, elle a constitué en tout cas l’objet d’un travail collectif d’interprétation et de mise en texte. Il a apprécié le travail en collaboration entre géographie et lettres, qui a été garant de la justesse de la proposition photographique et de son interprétation géographique, et de la qualité littéraire du texte qui l’énonce. Il regrette cependant l’indécision du titre.

Lieu étrange et familier, lycée Lucie-Aubrac à Courbevoie (92)

Lieu étrange et familier

À la question posée "lieu étrange et familier", la classe de 1ère ES3 du lycée Lucie Aubrac a apporté une réponse intéressante, en faisant le choix d’une composition en deux volets, mettant en relation trois espaces et trois échelles : l’espace immédiat, vu de la fenêtre, une vaste cour ; dans un reflet, Paris, qu’on devine grâce à la présence de la Tour Eiffel (une citation du film Playtime de Jacques Tati peut-être ?) ; et l’espace intime de la chambre au premier plan.
La présence de cette chambre justement aurait pu laisser entendre qu’il s’agissait d’une production individuelle. Mais la note d’intention rend compte au contraire de la dimension collective de la production. Le jury y a été particulièrement sensible, ainsi qu’au travail interdisciplinaire qui a été mené en géographie et en lettres.
Seul regret, le titre, qui aurait demandé à être travaillé.

Transp’hors du commun du lycée Louis-Armand à Eaubonne (95)

Transp’hors du commun

Couleurs plastiques pour atmosphère toc ?
Lampe à bronzer ?
Photocopieuse à fermer ?
Sièges de manège ?
Un cadrage incongru pour un lieu qu’on ne regarde plus et votre photographie nous transporte ailleurs : là où le banal devient spectacle...
De ceci le jury vous remercie !

Transp’hors du commun a également été choisie par les classes participantes (voir leurs commentaires ici), juste devant "Carrousel", réalisée par le lycée Léonard de Vinci à Levallois Perret (92).

Carrousel

Bravo donc à ces classes, et à toutes les classes participantes pour leur travail.

Voir en ligne : Tous les travaux

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