La démarche de géographie expérientielle

, par Cédric Naudet

L’équipe de recherche en didactique de la géographie de l’IREM-Université de Paris a formalisé une démarche permettant de confronter les élèves à une expérience courante afin qu’ils questionnent leurs représentations et leurs pratiques spatiales au prisme des savoirs et connaissances acquises en classe.

Cette démarche, intéressante pour l’enseignement de la géographie, peut être approfondie dans un stage de formation continue au PAF 2020-2021 « Apprendre la géographie par l’expérience »

1. Quatre exemples de séquences

1/ Catherine Heitz et Sophie Gaujal proposent une réflexion sur la sortie de terrain, à partir d’un exemple présentant une sortie dans le tramway à Orléans. On peut imaginer cette démarche en utilisant « Google Street View ».

2/ E. Perrin a proposé un débat sur la sécheresse et les restrictions d’eau en Isère pour faire conceptualiser ses élèves sur la question du changement global.

3/ C. Naudet a développé une expérimentation à partir d’une situation problématique sur la coupe du monde de football au Qatar pour travailler le concept de « ressource ».

4/ Solèn Rolet propose une réflexion sur l’utilisation du film La vie moderne de R. Depardon.

2. Présentation du cadre théorique

La démarche proposée a pour ambition de faciliter le passage des savoirs d’expérience (ou « géographie spontanée »), issus de représentations ou de pratiques spatiales, vers les savoirs scolaires qui appartiennent à une « géographie raisonnée » (Gaujal, 2016). Elle se formalise par quatre étapes :

1 - Immersion

Il s’agit de confronter l’élève à des représentations ou des pratiques spatiales.
Ces pratiques peuvent être les siennes ou celles d’autres acteurs. Elles peuvent être réelles lors d’une sortie de terrain ou prendre appui sur les pratiques spatiales des élèves dans leur espace proche. Elles peuvent aussi être simulées via un jeu de rôle ou des jeux de simulation par ordinateur par exemple. Ce qui rend la démarche géographique, c’est d’abord la nature de l’expérience réalisée qui met en jeu l’espace.

2 - Interaction

Il s’agit de l’identification des pratiques spatiales en jeu dans l’immersion et leur mise à distance.
Cette phase nécessite des échanges entre pairs pour que les élèves puissent confronter leur expérience. Ils sont ainsi amenés à comparer puis questionner et analyser les pratiques spatiales en jeu. Les élèves élargissent et approfondissent leur réflexion en mobilisant des outils géographiques : carte mentale, cartes, plans, documents, SIG etc. Ils sont amenés à construire les concepts et les connaissances des situations géographiques étudiées.

3 - Institutionnalisation

C’est un temps de la formalisation des savoirs en jeu, c’est-à-dire des concepts et des notions de la géographie.
L’élève passe du registre de savoirs de l’expérience à celui des savoirs géographiques. C’est une phase de conceptualisation où les élèves passent de l’accumulation d’observations et d’informations à l’organisation d’un tout géographique. Cette dernière peut se faire de manière plus ou moins guidée par l’enseignant mais ne peut lui être dévolue.

4 - Implémentation

C’est le moment de réinvestissement des apprentissages réalisés.
Ce réinvestissement peut se réaliser en classe dans le cadre d’une évaluation ou d’une autre séquence. L’implémentation peut aussi se réaliser hors de la classe quand l’élève se rend compte dans sa vie de tous les jours de la véracité et du caractère opératoire des savoirs appris en classe.

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