Faire participer des élèves à des cérémonies officielles : commémorer le camp d’internés politiques d’Aincourt (95)

, par Frédéric Legendre

Depuis maintenant six ans, j’ai l’honneur de conduire une délégation d’élèves du lycée Camille Pissarro de Pontoise pour participer à la journée de commémoration des internés politiques de l’ancien sanatorium d’Aincourt organisée chaque premier samedi d’octobre dans cette commune, sur le site de La Bucaille, dans le Val d’Oise, entre Magny-en-Vexin et Mantes-la-Jolie.

Cet article a pour objet de mettre en lumière ce qui fut le premier et unique camp pour des internés politiques en France. Il vise aussi à encourager les collègues à proposer à nos élèves de participer à ce type de commémorations, à Aincourt ou ailleurs.

1/ Le site d’Aincourt

L’Association Mémoire d’Aincourt qui pilote la commémoration nous propose dans un document en format PDF la brochure qui retrace les principaux événements ayant eu lieu sur ce site de La Bucaille.
En quelques mots, le 5 octobre 1940, un camp pour les internés politiques est créé dans l’enceinte de ce sanatorium, - le plus moderne de France dans les années 1930. Dès ce jour, 182 communistes jugés « dangereux pour la sécurité publique » par la préfecture de police de Paris y sont enfermés. Dès lors, des communistes donc, mais aussi des résistants d’obédiences diverses, des Juifs ou des syndicalistes sont rassemblés. Jusqu’à 667 hommes (en juin 1941) y seront cantonnés par l’État français, dans un sanatorium prévu à l’origine pour 150 patients. Le camp masculin ferme ses portes en mai 1942 mais des femmes les remplacent, venant de Chateaubriand et ce jusqu’en septembre de la même année, date à laquelle les dernières internées sont livrées par la police à la Gestapo pour y être ensuite déportées à Ravensbrück. En septembre 1943, le camp d’Aincourt est dissous. 1500 personnes y furent internées pour être ensuite déportées dans les camps nazis.

2/ La cérémonie du 1er samedi d’octobre

C’est une cérémonie qui se déroule sur le site de l’hôpital moderne, à quelques encablures de l’ancien sanatorium délabré, devant une stèle commémorative édifiée en 1994. Elle a lieu le premier samedi d’octobre en hommage à tous les internés d’Aincourt. Elle rassemble des personnalités officielles élus locaux et nationaux ou représentants de l’État, des militants politiques et syndicalistes, des enseignants mais surtout des anciens déportés. Les trois derniers témoins passés par ce camp viennent de s’éteindre mais leurs enfants ou petits-enfants perpétuent cette mémoire. D’autres anciens déportés continuent de venir soutenir la démarche de l’association Mémoire d’Aincourt comme Mme Frania Eisenbach Haverland, déportée et rescapée des camps de Plaszow puis d’Auschwitz qui est présente chaque année et qui intervient dans de nombreux collèges ou lycées dans la France entière.
Cette année, les jeunes ayant fait leur journée d’appel non loin (à Magny-en-Vexin) étaient présents, ce qui a donné un souffle républicain supplémentaire à cette cérémonie du souvenir.

L’organisation est la suivante : discours d’accueil puis dépôt de gerbes, chants, évocation théâtrale d’une durée de 20 minutes par une compagnie puis goûter convivial devant l’exposition retraçant l’histoire du camp. Au total trois heures de présence de 15h à 18 h.

3/ le rôle des élèves

Je propose en début d’année en première ou en terminale d’assister à la cérémonie et d’y participer en déposant une gerbe au nom de l’établissement. Ces élèves, au nombre de quatre au maximum participent à leur première cérémonie. Cela demande une mise au point préalable car le dépôt de gerbe est une réelle émotion. Le professeur les accompagne jusqu’à la stèle après appel du nom de l’établissement. Une fois la cérémonie achevée, je demande à ce qu’ils fassent un retour aux autres élèves de la classe à la fois en présentant le camp d’Aincourt (situé à 25 km du lycée) et comment ils ont vécu la cérémonie lors d’une séance d’une heure.
Cette démarche se greffe sur le cours de Terminale aussi bien que sur celui de Première en histoire. Les programmes vont changer certes mais on peut imaginer que ces questions seront encore de mise dans les prochains.
L’autorisation ci-dessous, signée par les parents et le proviseur, permet d’officialiser la présence des élèves.

De gauche à droite, trois élèves de terminale du lycée Pissarro avec leurs professeurs : M. Legendre professeur d’histoire-géographie, Mme Jumelais professeure-documentaliste, M. Vergne professeur d’EPS et Mme Chenu professeure-documentaliste devant la stèle à la fin de la cérémonie.

Vous trouverez ci-dessous deux documents :

  • la brochure qui présente le camp d’Aincourt ;
  • le formulaire d’autorisation pour la participation à la commémoration.

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