Master de didactique. Géographie scolaire et guide touristique

, par Christine MARTIN

Contexte

Ce mémoire soutenu en 2017 sous la direction de Sophie Gaujal, s’inscrit tout d’abord dans la volonté de redynamiser ma réflexion de professeure après 22 ans d’enseignement, c’est à dire « à mi-parcours de carrière ». Ayant obtenu un congé formation (réparti à mi-temps sur deux ans) j’ai décidé de suivre un master 2 de didactique et d’épistémologie en histoire-géographie à Paris VII-Diderot (pour envisager éventuellement de poursuivre avec le CAFFA) et un DU de Droit à Nanterre (pour enseigner l’option DGEMC aux classes de terminales).
 

Mots-clés

  • Guide touristique
  • Géographie-promenade
  • Géographie scolaire

 

L’objectif de ma recherche

Quelle place aujourd’hui pour la géographie au lycée ? La géographie enseignée peut être appréhendée comme une mosaïque mêlant à la fois une géographie universitaire experte à une géographie purement scolaire, ce qui la rend très complexe pour nous à l’enseigner ; et qui de plus, est aujourd’hui concurrencée par des savoirs extrascolaires paragéographiques rencontrés par les élèves à l’extérieur de l’école (par l’intermédiaire des écrans). Or parfois ces savoirs sont en dissonance avec ce que nous avons à enseigner.
J’ai donc par ailleurs choisi d’introduire un projet d’écriture de guide touristique en classe pour mener à bien ma réflexion de chercheure et de professeure (double posture complexe à gérer).
En effet ce type d’ouvrage est reconnu comme ouvrage de géographie alors que pas toujours écrits par des géographes mais le plus souvent par des voyageurs écrivains ou des voyageurs journalistes. Il est de plus souvent présent dans les manuels scolaires comment document ressource pour proposer des activités purement scolaires.
Ma recherche était donc double :

  • étudier les guides pour comprendre la géographie ;
  • écrire un guide pour faire de la géographie en classe.
    Cette approche de la géographie s’inscrit également dans le travail sur la géographie expérientielle mené par mes professeures de master Sophie Gaujal et Caroline Leininger-Frézal. Pour ma part j’ai choisi de nommer cette pratique de géographie : « une géographie promenade ».
     

Le cadre théorique

J’ai centré ma réflexion sur l’épistémologie des guides touristiques et sur une étude des représentations spatiales : le guide touristique bien qu’il ne soit pas un ouvrage scientifique est bien un actant de géographie : ce constat autorise donc son introduction en classe.
L’enseignement de la géographie en milieu scolaire quant à elle questionne la didactique, les professeurs, l’institution et les élèves eux-mêmes (la géographie est souvent une discipline mal aimée). Tout cela rend la géographie scolaire instable et les changements de paradigmes actuels la fragilisent encore plus.
Ma conclusion est que le guide est bien une façon de voir le monde, une façon de faire de la géographie et un voyage possible (sans quitter la classe).
 

Cadre méthodologique

Ma recherche s’appuie sur une étude comparée de deux projets menés en classe de seconde dans le cadre de l’enseignement d’exploration Littérature et Société « Regards sur l’autre à l’ailleurs » :

  • La rédaction d’un guide commun (chaque élève étant responsable d’une page ou d’un thème) sur l’Irlande faisant suite à un échange scolaire (travail avec une collègue de langue).
  • La rédaction d’un guide sur la ville du lycée, Marly le Roi (78) par petits groupes avec une collègues de lettres.
    A chaque fois, nous avons organisé des sorties sur le terrain, des recherches en salle informatique au lycée mais aussi des rencontres (aux offices du tourisme et avec le rédacteur des Guides verts de Michelin).
    Puis j’ai pu mener une analyse comparée d’un double corpus de guides et d’un questionnaire distribué aux élèves en fin d’année pour recueillir leurs impressions sur ce travail annuel innovant pour eux.
     

Conclusion

La création d’un guide touristique en classe permet de travailler des compétences linguistiques et littéraires transdisciplinaires et des savoirs faire de géographie mais peu de savoirs savants.
Cependant ce projet a permis également aux élèves de vivre une expérience de géographie individuelle et collective, parfois assez sensible voire intime et sentimentale. Ce travail m’a permis de caractériser le guide touristique comme un objet permettant de faire émerger de la complexité avec les élèves, de les aider à appréhender la géographie et de leur faire produire un savoir géographique.

 

Perspectives

La suppression des enseignements d’exploration par la dernière réforme du lycée ne m’a pas permis de renouveler ce genre de projet scolaire et de confirmer ma réflexion. Les nouveaux programmes, la spécialité HGGSP se tournent plus vers une géographie experte et universitaire dont l’objectif est de comprendre le monde et ses grands enjeux du XXIe siècle.
Cependant cette année et de recherche à Paris VII a changé mon regard et ma réflexion sur les différentes formes de géographies possibles et sur la transmission des savoirs.

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