Niveaux :
- 4ème : Bourgeoisies marchandes, négoces internationaux et traite négrière au XVIIIème siècle.
- 2nde professionnelle : L’expansion du monde connu (XVème XVIIIème siècle).
Thématique : la traite atlantique
Le document : à la fin du 18ème siècle Armand Guy Simon de Coëtnempren, comte de Kersaint, charge Joseph Diant d’acheter deux esclaves pour la maison qu’il vient d’acquérir aux Antilles sur l’île de Sainte Lucie. Ce dernier fait alors appel aux services de Rezeville Frères afin de satisfaire cette demande. Une facture est ensuite établie. Celle-ci est aujourd’hui conservée aux Archives départementales des Yvelines.
Transcription du document
Au fort royal le 7 aout 1782.
De la cargaison du navire Danois le Baron de Schimelman capitaine Lime de Coppenhague gérée par Ruste de Rezeville frères, vendu et livré à monseigneur le comte de Kersaint capitaine des vaisseaux du roy.
1 négresse et 1 nègre [1650 livre l’un et 3300 livres les deux]
Reçu en ses trois mandats suivants à notre ordre sur monseigneur Joseph Diant.
Le 1er au 5 septembre prochain …. 1200 livres
Le 2ème au 5 octobre prochain …. 1200 livres
Le 3ème au 5 novembre prochain … 1200 livres
Ruste de Rezeville frères.
Objectif pédagogique : le document daté de 1782 a été rédigé à la Martinique au Fort Royal, l’actuel Fort-de-France. Il permet donc de contextualiser et localiser avec les élèves un des espaces majeurs du commerce triangulaire.
Les esclaves ont traversé l’Atlantique à bord d’un navire négrier danois, le Baron de Schimmelmann. Celui-ci porte le nom d’une famille de grands propriétaires terriens aux Indes Occidentales danoises, aujourd’hui les Iles Vierges des Etats-Unis. Les Schimmelmann possédaient un réseau d’affaire d’ampleur mondial, et avaient la main sur l’industrie sucrière à tous les stades de la production, puisqu’ils pratiquaient le commerce triangulaire entre la Côte-de-l’Or en Afrique, les Caraïbes et le Danemark.
Les Ruste de Rezeville, négociants installés à la Martinique, sont une famille de notables. Les Archives nationales d’outre-mer conservent les traces de l’activité de l’un d’entre eux en tant que commissaire du commerce pour les intérêts de la métropole dans les années 1780.
Le document permet donc d’évoquer avec les élèves les liens commerciaux entre Européens au-delà des rivalités coloniales.
Surtout cette facture met en lumière la déshumanisation de l’esclave assimilé à une marchandise dont on négocie le prix ainsi que les modalités de paiement.
Déroulé
- 1. Après avoir pris connaissance du document, de sa transcription et de sa notice, les élèves sont invités à tracer sur un fond de carte représentant l’espace atlantique le trajet du navire négrier Baron de Schimmelmann entre son port d’attache au Danemark, et ses deux escales sur la Côte-de-l’Or et au Fort Royal.
- 2. C’est également l’occasion de demander aux élèves de formuler des hypothèses sur les tâches qui seront éventuellement assignées à ces deux esclaves dans la nouvelle demeure du comte.
- 3. Enfin, pour replacer cette transaction dans le contexte plus global de l’économie esclavagiste les élèves doivent faire une recherche afin d’établir combien d’esclaves vivent alors en Martinique et quelles sont les productions que l’île exporte vers le royaume de France. Celle-ci peut être menée sur le site Educ’Archives grâce à deux documents tirés respectivement de l’Aperçu de l’Administration des Finances de la France et de l’Aperçu de la Balance du Commerce de la France pour l’année 1787.
Archives départementales des Yvelines A 1539
Archives départementales des Yvelines A 1539
Pour aller plus loin
- La ressource Négoce international et esclavage à la fin du XVIIIème siècle sur le site Educ’Archives dans laquelle vous retrouverez entre autre l’ensemble des documents présentés dans cet article :
- https://educarchives.yvelines.fr/negoce-international-et-esclavage-a-la-fin-du-18eme-siecle-1
- Les informations relatives aux Schimmelmann sont tirées de l’ouvrage de Gísli Pálsson, L’homme qui vola sa liberté : Odyssée d’un esclave, Gaia, 2018.
- Les informations relatives aux Ruste de Rezéville sont tirées des fonds des ANOM, COL E 360, Personnel colonel ancien, Ruste de Rezéville, commissaire du commerce pour les intérêts de la métropole, à la Martinique et Baudelle sa femme (1787/1789).