La série "dans la classe !" a été élaborée par le groupe de travail "collège".
 

Le constat

  • La réalisation de croquis et de schémas avec les élèves est un moment important du cours de géographie. Il s’agit d’une des compétences essentielles à pratiquer régulièrement dès la 6e.
  • Toutefois, apprendre à construire une légende, à sélectionner les bonnes informations et à les organiser, à connaître et choisir les différents figurés en sachant les nommer à l’aide d’un vocabulaire technique, à tracer un schéma ou à compléter un fond de carte, n’est pas aisé pour les élèves et demande du temps.
  • Le croquis est un exercice de synthèse particulier, une forme de rédaction en réponse à une problématique : il demande de raisonner (et non pas de colorier !). Par peur que l’exercice ne soit trop complexe, il est souvent mené de façon très guidée voire de façon magistrale laissant peu de place à la réflexion des élèves.
  • L’implication des élèves est indispensable pour les faire passer du dessin au schéma et au croquis et pour les faire progresser dans la production cartographique et dans la maitrise de son langage.

Ma pratique

Pratiquer le « jeu » des figurés pour aider les élèves à construire eux-mêmes un croquis ou un schéma et sa légende.
Exemple : la construction du schéma d’une aire urbaine et de sa légende dans le chapitre de 3e « Les aires urbaines, une nouvelle géographie d’une France mondialisée ».
Par Raphaelle Riba, membre du GT collège.

Phase préparatoire : réaliser une étude de cas sur une aire urbaine
Dans un premier temps, les élèves réalisent une étude de cas sur une aire urbaine au choix du professeur puis font un bilan sur les différents espaces qui la composent et leurs dynamiques. Pour ma part, cette année nous avons étudié l’aire urbaine de Toulouse.

Phase 1 : élaborer la légende du schéma d’une aire urbaine avec le « jeu » des figurés
A partir de l’étude de cas, les élèves travaillent par groupe de 3 ou 4 pour créer la légende du schéma d’une aire urbaine. La légende doit permettre de répondre à la problématique suivante : quels sont les espaces qui composent une aire urbaine et quelles sont leurs dynamiques ? Il s’agit de la même problématique que dans l’étude de cas, mais cette fois, les élèves doivent utiliser un langage autre que l’écrit pour y répondre : celui de la cartographie.
Pour les aider à construire la légende, les élèves complètent un tableau : dans la colonne de droite, ils écrivent toutes les informations qui leur semblent importantes pour répondre à la problématique (par exemple ville-centre, banlieue, couronne périurbaine) ; dans la colonne de gauche ils font correspondre un figuré pour chaque information grâce au « jeu » des figurés.

Le jeu  : une trentaine de figurés découpés et plastifiés sont mis à leur disposition dans une enveloppe : figurés de surface, ponctuels et linéaires de différentes couleurs, tailles et épaisseurs. Ils doivent piocher à l’intérieur de l’enveloppe et sélectionner les figurés qui leur semblent adaptés pour chaque information de la légende. Tous les figurés présents dans l’enveloppe ne doivent pas être utilisés : il y en a trop et certains ne conviennent pas pour le schéma d’une aire urbaine. Lors de cette activité, il est possible de mettre en place une pédagogie différenciée : par exemple ne donner qu’une quinzaine de figurés par enveloppe pour les élèves plus en difficulté.
Une fois la légende terminée dans chacun des groupes, le tableau (avec les informations et leurs figurés) est validé par le professeur. Chaque élève peut alors recopier avec soin la légende au propre dans son cahier.

Phase 2 : réaliser le schéma d’une aire urbaine
Les élèves poursuivent leur travail pour schématiser une aire urbaine. Leur schéma doit contenir toutes les informations de la légende qu’ils ont créée et reprendre les mêmes figurés. Une fois le schéma terminé par chacun des groupes, il est vérifié et validé par le professeur. Chaque élève peut alors le tracer et le colorier au propre dans son cahier sans oublier d’écrire un titre au-dessus.

Dans la classe

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Les plus-values

  • L’aspect ludique et collaboratif de l’activité facilite l’engagement des élèves dans la tâche, même ceux les plus en difficulté. Ils ont plaisir à piocher dans l’enveloppe les différents figurés et à échanger ensemble sur leur validité pour représenter telle ou telle information de la légende.
  • Pouvoir manipuler les figurés aide et guide la réflexion des élèves pour construire la légende et répondre à la problématique. Ils peuvent par exemple poser un figuré dans le tableau en face d’une information puis se rendre compte que finalement il ne correspond pas, l’enlever puis en choisir un autre à la place. Ce « jeu » permet aux élèves de raisonner : ils se trompent, font des essais puis finalement arrivent à trouver par eux-mêmes le figuré adéquat. Ces erreurs et tâtonnements successifs sont bénéfiques et permettent le cheminement de la pensée.
  • Cet exercice favorise la compréhension du langage cartographique par les élèves. Par exemple, ils arrivent à saisir de façon concrète qu’un figuré ponctuel n’est pas pertinent pour représenter un grand espace comme celui de la couronne périurbaine, ou que les migrations pendulaires sont des déplacements que seuls des figurés linéaires sous forme de flèches peuvent évoquer. Les élèves réussissent à s’approprier ces différents symboles, pourtant complexes, et intègrent plus facilement leur signification.
  • Les élèves construisent leur propre légende et schéma et peuvent se l’approprier plus aisément. Même si l’essentiel du résultat est identique d’un groupe à l’autre, on trouve aussi de légères différences. Certains élèves ont par exemple eu la bonne idée de vouloir mentionner les usines Airbus de Toulouse ou les grands centres commerciaux. Par la suite, le travail est plus facile à mémoriser car il s’agit de leur création et qu’elle a du sens pour eux. Les notes s’en ressentent lors de l’évaluation.

    Prolongements possibles

    Le jeu des figurés peut être conduit sur tous les schémas et croquis de géographie, quel que soit le niveau et le chapitre abordé : dès la 6e pour initier les élèves à la cartographie et jusqu’en 3e pour affiner la maîtrise de cette compétence importante.
    La phase 1 peut être complexifiée en ajoutant des cases dans le tableau afin que les élèves puissent travailler la hiérarchisation des informations dans une légende organisée en 2 ou 3 parties. Dans la phase 2 les élèves ne tracent pas eux-mêmes l’ensemble du croquis mais complètent un fond de carte vierge distribué par le professeur.

La planche des figurés
Tableau de la légende et cadre pour le schéma

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