La série "dans la classe !" a été élaborée par le groupe de travail "collège".
 

Le constat

  • Il est parfois difficile de faire comprendre les transformations et les évolutions des sociétés du Moyen Âge aux élèves et de les faire sortir des représentations stéréotypées autour des chevaliers, des seigneurs et des paysans.
  • La coopération effective entre les élèves est importante pour créer de la confiance scolaire, elle valorise les compétences psychosociales et permet un travail de groupe efficace. Il s’agit là souvent d’un défi pour l’enseignant.
  • Différencier/adapter son enseignement pour tous les élèves relève des missions essentielles du métier.

Ma pratique

Ma séance est construite autour de l’outil placemat qui a pour objectif de conceptualiser la ville au Moyen Âge. L’objectif est de comprendre les structures sociales, politiques, économiques et les évolutions des villes médiévales. Les compétences travaillées (et évaluées) sont l’analyse de documents, la coopération, la rédaction et la pratique de différents langages. Cette séance a lieu après une étude de cas sur Bruges.
Il est essentiel de trouver les outils les plus efficaces pour travailler et mettre en place une coopération effective avec une participation active de tous les élèves et de créer une confiance collective dans le travail mené par chacun. Ces outils doivent aussi permettre une différenciation efficiente afin de donner à chaque élève la possibilité d’exprimer ses capacités pour les mettre au service du collectif et renforcer ainsi son sentiment de compétence. Le placemat est en ce sens un support très efficace, que j’utilise assez régulièrement (pas à chaque fois néanmoins pour ne pas lasser les élèves).

Dans le cadre de la séance, le placemat permet la coopération de 3 élèves, placés en groupe hétérogène. Il s’agit d’une feuille de format A3 minimum divisée (dans le cas présent) en 4 cases : 3 cases individuelles et 1 case centrale pour la mise en commun. Chaque élève travaille sur un dossier documentaire sur un thème, ce dossier documentaire est adapté selon les difficultés et/ou les besoins éducatifs particuliers des élèves (la classe étant une classe inclusive SEGPA : sur 21 élèves 6 relèvent du dispositif SEGPA et un autre élève a un PPS).
Les 3 thèmes retenus sont :
 Les évolutions des villes et l’essor urbain
 La fonction économique des villes
 La fonction politique et la société urbaine
Chaque élève écrit sur sa partie ce qu’il comprend du dossier documentaire dont il devient "l’expert". Vient ensuite la phase d’échange, où le groupe construit la synthèse sous la forme d’une carte mentale, permettant de conceptualiser la ville au Moyen Âge. Le placemat est un outil pratique qui permet à chaque élève de construire son savoir individuel et de devenir "expert" du thème qui lui a été attribué. La phase d’échange ensuite est donc fondamentale pour la coopération et la compréhension du chapitre. Chaque spécialiste explique de manière intelligible à ses camarades son thème et le transcrit sur la synthèse (soit lui, soit un camarade à l’aise à l’écrit qui le fait grâce à ses explications) ; les autres sont autorisés à le questionner afin de bien comprendre et de pouvoir compléter leurs propres connaissances. Par Annaïk Mulle, professeure d’histoire-géographie

Dans la classe

La vidéo permet de prendre la mesure de l’engagement individuel et collectif dans le placemat en voyant son « remplissage » : les 3 groupes sont filmés lors des 52 minutes (exactement) de l’activité, la vidéo a été accélérée afin de tenir en 6 minutes. Chaque groupe est constitué de 3 (ou de 4) élèves : un élève en difficulté, un élève de niveau intermédiaire et un élève performant dans l’analyse de documents.

Les photos montrent des placemats finis à la fin de l’heure de cours. Sur chaque support, on peut mesurer l’engagement effectif, la part substantielle d’écrit (même pour les élèves en difficulté) et la réalisation d’une synthèse de qualité et tout cela en 55 minutes de cours.

Les plus-values

  • Un engagement fort des élèves dans l’activité : tant dans la partie individuelle que collective. Les leviers de motivation sont nombreux : la responsabilisation au sein du groupe, le support commun qui permet de voir ce que chacun apporte au groupe, la construction collective/coopérative.
  • La pratique du placemat s’adapte parfaitement à la compétence « coopérer et mutualiser » qui est valorisée.
  • Le passage à l’écrit autonome est facilité par la différenciation et une construction collective et réflexive autour d’un autre langage (carte mentale).
  • L’engagement cognitif intense permet le réinvestissement de l’étude de cas sur Bruges, la consolidation des connaissances et la construction de liens avec les connaissances acquises au chapitre précédent.
  • La très grande souplesse du support pédagogique : le placemat s’adapte assez naturellement à chaque situation de travail de/en groupe :
     que chaque élève travaille sur le même thème ou corpus de document et que le travail coopératif soit de confronter les méthodes, les résultats, les hypothèses…
     ou que chaque élève travaille sur un thème différent et que le travail coopératif soit la mise en commun des informations pour construire une notion ou un concept, comme dans le cas présenté.
  • Le placemat permet aussi une évaluation plus facile du travail coopératif grâce à la double fonction de l’outil, sur lequel on trouve :
     la trace de l’activité individuelle (travail réflexif au brouillon qu’on a habituellement du mal à évaluer)
     et la trace collective fruit de la coopération et de la mise en commun, où l’on peut mesurer les apports individuels de manière plus fine.
  • Le placemat permet la différenciation pédagogique sur plusieurs plans :
     Si les élèves travaillent le même thème/exercice : on peut proposer des supports adaptés différenciés ou des coups de pouce
     Si les élèves (comme dans l’exemple) travaillent sur des thèmes/exercices différents : on peut choisir le niveau de difficulté du thème, des documents proposés ou le type de documents plus adapté aux besoins de l’élève (texte, document iconographique, vidéo, audio…)
     L’activité en elle-même permet l’étayage en classe individualisée du professeur, qui devient accompagnateur des élèves (on voit la main du professeur apparaître de temps en temps dans la vidéo par exemple)
  • Le placemat permet aussi le développement des compétences psychosociales permettant de conforter les besoins essentiels des adolescents (support de la motivation) :
     Besoin d’autonomie : sentiment de prendre en charge ses objectifs et son comportement (partie individuelle)
     Besoin de compétence : sentiment d’être en mesure de pouvoir réaliser une tâche (grâce à la différenciation)
     Besoin de lien social : sentiment d’appartenir à un groupe et de participer à la réalisation commune.
  • Enfin le placemat est un outil permettant la conceptualisation coopérative : comme cela est montré dans l’exemple.

Prolongements possibles

  • Tous les chapitres peuvent intégrer une activité de travail de groupe sous la forme du placemat.
    Une autre solution pour réinvestir et conceptualiser la ville est de passer par un hexagon game avec la réalisation d’un audio de synthèse justifiant les choix faits lors du jeu et qui permet de conceptualiser la ville.

Des ressources

  • BOUCHERON Patrick et MENJOT Denis, La ville médiévale, Points Seuil, 2011.
  • CHEVALIER Bernard, Les bonnes villes de France, du XIVe au XVIe siècles, Aubier, 1982.
  • CASSAGNES-BROUQUET Sophie, La Vie quotidienne au Moyen Âge, Ouest-France, 2004.
  • CASSAGNES-BROUQUET Sophie, Les Métiers au Moyen Âge, Ouest-France, 2014.
  • DANQUIN Rémy (coord.), 52 Méthodes. Pratiques pour enseigner, 2015, Canopé.
  • CONNAC Sylvain (Avec la contribution de Philippe Meirieu, Préface), La coopération entre élèves, 2017, Canopé.

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